Al-manārāt المنارات

LES TOURS A SIGNAUX (al-manārāt المنارات)

Quand j’étais petit, j’accompagnais parfois mon grand-père, Abdel Kader (1902 – 1993) au marché hebdomadaire de Taghia le mardi. En descendant les montagnes de Dhara, apparaissait à l’horizon vers le sommet, une très vieille construction isolée, en forme de tour carrée.Mon grand-père l’appelait « Riyacha الرِّيّاشة» qui signifie, « celle qui donne un signal ». Mais quand on lui demandait ce que c’était et pourquoi ce nom, il répondait que son père Al Massoud l’appelait ainsi. Il ne savait rien de cette tour mystérieuse.

Au printemps 2015, et avec mon cousin Lazhar KHAIN, géomètre de formation, nous l’avons visité de très près, comme le témoigne cette vidéo.

En 2020, étudiant en Master d’études orientales, linguistique arabe, à l’université de Sorbonne nouvelle à Paris, lors d’un sujet de recherche, je tombe sur l’explication et notamment l’histoire de ces veilles tours.

Je vous présente ici mes trois sources :

1) Ibn Khaldoun (mort 1406) (ابن خلدون) dans son livre : Le livre des exemples (Kitab al-ibar, العبر و ديوان المبتدأ و الخبر في أيام العرب و العجم و البربر). Tom 4, page 203.

2) Cheikh Abderrahmane Ben Mohamed El Djilali (1908 – 2010) dans son livre : Histoire générale de l’Algérie تاريخ الجزائر العام Tome II, page 272.

3) Ahmed al-Qalqashandi, (mort 1418) (القلقشندي) dans son ouvrage : Subh al-A’sha (صبح الأعشى في كتابة الإنشا). Chapitre 14, page 397.

En résumé, Ibn Khaldoun et Cheikh Abderrahmane El Djilali parlent d’un réseau de tours à signaux (10 000 forteresses) installées par les Aghlabides (بنو الأغلب) à partir de l’an 800. Permettant de communiquer, la nuit avec des feux, le jour avec de la fumée, de tour en tour.Plusieurs appellations existent en arabe pour désigner ces tours : المنائر، المناور، القباب، المناظيرIbn Khaldoun rapporte que le signal partant de Tanger (Maroc) arrive à Alexandrie (Égypte) en une nuit.Al-Qalqashandi décrit dans le dernier chapitre intitulé المناور و المُحرقات un réseau identique côté orient musulman pour générer un signal précoce contre les attaques des Tatars.

Voilà, un petit moment d’histoire pour s’évader pendant ces grandes vacances et de cette chaleur étouffante.

Je vous laisse avec ce petit montage et explication de mon cousin Lazhar, pour les arabophones (un dialecte algérien riche en vocabulaire français).


  • Visite tour : le 23 mars 2015
  • Montage vidéo : Paris, le 18 juillet 2022
  • Mohamed et Lazhar KHAIN (Al Hamri, Wilaya Relizane, Algerie)

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